Dernière étape de notre Revue d’effectif avec le nouveau meneur américain Gary Ervin, qui est arrivé en début de semaine depuis New York, où il guettait depuis la fin de saison dernière la bonne opportunité pour s’engager, pour découvrir un « nouveau » basket. Rencontre avec un Américain impatient d’en découdre avec les Frenchies…

« Gary, tu arrives dans une équipe déjà formée depuis plusieurs semaines, c’est une situation que tu as déjà eu à gérer dans ta carrière ?

Oui, j’ai déjà rencontré ce genre de situation mais en tant que joueur professionnel, tu te dois d’être prêt peu importe les circonstances. Tu dois être prêt peu importe ce qui se présente au milieu de ton chemin. Je suis toujours de nature positive. J’estime arriver au milieu d’une très bonne situation pour moi, avec des coéquipiers qui ont déjà pu travailler leurs connexions, leurs automatismes. En tant que meneur de jeu, c’est la chose la plus facile d’arriver et d’avoir la sensation que je dois juste apporter ma touche personnelle supplémentaire pour que l’équipe marche bien.

Lorsqu’on arrive dans une nouvelle équipe, quel est le premier réflexe : taper les noms de ses futurs coéquipiers sur Google et chercher leurs highlights sur YouTube ?

En fait, la première chose que je fais juste avant de signer mon contrat est de consulter le site internet de l’équipe puis chercher sur le site Eurobasket le parcours par le passé du club. Cela aide à connaitre les caractéristiques de ma future équipe ; si les joueurs sont grands, si je connais déjà des joueurs sur le plan personnel ou d’après leur réputation. En dehors de cela, je crois que la partie la plus difficile est d’apprendre le nom de chacun de mes nouveaux coéquipiers (rires).

Quelle image as-tu du basket français, et du basket en Europe d’une manière générale ?

Premièrement, je pense que le basket européen correspond à un style de basket élégant, compétitif. C’est très physique. Aux Etats-Unis, beaucoup de gens ne connaissent et n’apprécient que la NBA. Quelques initiés connaissent le basket européen, mais de manière générale, il est sous-estimé. Mais honnêtement, je ne vois pas trop de différence… Je pense même qu’ici en Europe, les joueurs jouent un peu plus dur. Depuis que je suis joueur professionnel et surtout depuis que je vis en dehors de mon pays, je regarde beaucoup de highlights de matchs des autres ligues, et c’est comme cela que j’ai peu à peu pu cerner le basket français. Je mange, je respire et je dors basket. Je regarde les statistiques et les classements de chaque ligue, qui est le meilleur scoreur, etc. J’ai beaucoup d’amis de New York (Keydren Clark, Andre Barrett, Erving Walker, Kareem Reid, etc.) qui ont joué en France, donc même si je n’ai jamais joué auparavant dans ce championnat, je sais à quoi m’attendre. Je suis désormais ici à Roanne et quoi que j’ai pu entendre sur la France, il est désormais temps de me faire ma propre opinion.

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On ne connait pas grand-chose du championnat australien, peux-tu nous en dire plus sur ce pays où tu as évolué durant 4 saisons ?

L’Australie est un endroit magnifique et incroyable. La Ligue australienne est un championnat avec un rythme de jeu (tempo) très élevé et rapide. Elle est sous-estimée, c’est sûr et certain. Il y a des joueurs de gros calibre qui ont évolué en Australie : des anciens de NBA, mais aussi des joueurs qui après l’Australie ont pu intégrer la NBA. Les pivots sont très grands et costauds, moins mobiles qu’ici en France. J’ai commencé ma carrière en dehors des USA en Australie, puis j’ai signé la saison suivante en Ukraine à Kiev et je pense que mon équipe australienne battait tous les jours mon équipe ukrainienne en raison du style de jeu pratiqué. Cependant, après 4 saisons en Australie, j’ai voulu voir autre chose et prendre le temps d’avoir la meilleure opportunité pour poursuivre ma carrière. Je joue au basket, c’est génial de faire ce que l’on aime.

Il y a les meneurs scoreurs, les meneurs organisateurs ; où est-ce que tu te situes ?

Je suis les deux ! J’ai toujours été tourné vers l’attaque, mais je m’adapte à la situation collective de l’équipe, aux consignes. Je peux scorer, il n’y a pas de problème. Je suis très agressif pour attaquer le cercle, provoquer des fautes, mettre les tirs ouverts. Mais j’aime aussi rendre le travail plus facile pour mes coéquipiers et les faire jouer. Défensivement, sur l’homme je suis aussi agressif. J’aime bien me faire oublier et intercepter des ballons en coupant les lignes de passe, en volant dans les mains des grands gabarits.

Tu es originaire de New York, la mecque du basket, que peux-tu nous dire à propos du streetball (basket joué dans la « rue » sur des terrains en extérieur), pratique réputée dans ta ville ?

New York c’est gigantesque. Il y a tellement d’endroits où on joue au streetball… J’aimerais donner une meilleure image de cette pratique. Tout d’abord, le streetball peut – contrairement à ce que l’on pense – être un basket structuré et organisé. Tout le monde est ami dans l’univers du streetball, mais une fois que le match a commencé, l’esprit de compétition s’installe ainsi que l’adrénaline. C’est un monde à part avec beaucoup de trash-talking, de provocations. C’est une expérience excitante et probablement que le streetball a joué un énorme rôle dans la construction de ma personnalité, de mon jeu. Je joue de ce fait avec beaucoup de cœur et d’émotion. Quand on joue dans son « Park », il faut jouer juste et correctement, sinon on peut être rejeté. Je ne veux pas perdre, je suis exigeant avec moi-même et cela vient de l’esprit streetball. J’ai croisé beaucoup de joueurs qui pourraient jouer tous les jours en NBA ; ils n’ont juste pas eu l’opportunité au bon moment de franchir le cap. Le niveau de jeu est vraiment bon. J’ai joué notamment à Rucker Park, Hoops in the Sun, New York Pro City en gymnase, à Brooklyn. J’ai notamment rencontré Kenny Grant à New York Pro City, qui réunit des joueurs professionnels de différents horizons pendant l’été. Avec l’âge, je me calme un peu désormais, mais je suis toujours accroc à l’atmosphère du streetball (rires). »

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